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La chair s'est faite Verbe

Bienvenue en Poemonde ! Poemonde est le résultat d'une errance personnelle, entreprise pour disposer d'un aperçu de la poésie dans d'autres pays que les miens. C'est tout le contraire d'une démarche savante ou érudite : de l'amateurisme pur, une expédition menée sans équipement, au hasard de rencontres faites exclusivement de textes en libre accès et recopiables sur Internet, Ceux donc que des personnes, des associations ou des institutions ont choisi de publier : leurs sélections, offertes par des esprits enthousiastes et généreux, ou par les promoteurs voire les propagandistes d'une nation d'une culture ou d'une cause. Des oeuvres éditées commercialement, on n'aura généralement aperçu que les titres. Ceci n'est pas une anthologie, ni même une moisson, il ne s'agit que de glanage, rien de plus. Selon les champs traversés, tantôt de vieux épis tantôt de tout verts ont été ramassés. L'hétérogénéité des sources restreint et renforce aléatoirement la diversité des récoltes.

C'est progressivement qu'a germé l'ambition de parcourir le monde entier si possible (ça ne l'est pas). L'originalité de Poemonde est en effet de proposer, dans un espace assez restreint, un grand tour du monde des poètes, panorama incomplet mais sans équivalent, en français, sous ce format. Un voyage et une invitation au voyage, à la rencontre. Le classement principal, géographique, parcourt la plupart des Etats de chaque continent, mais il n'en respecte pas toujours les frontières, au bénéfice de regroupements linguistiques ou culturels : on entre par l'improbable catégorie des voix des pôles et antipodes. Elle dit la difficulté de situer les poètes issus de langues et de cultures insoumises aux frontières étatiques, en Afrique, dans des îles lointaines et sur les banquises, dans les jungles et les déserts. Mais cette difficulté se rencontre aussi dans les Amériques et en Asie centrale. Il y a de la littérature orale, des langues mortes (grec, hébreu, latin, précolombiens), et d'autres menacées d'extinction (inuits, aborigènes ainsi que le yiddish). Accentué par l'inégalité des sources disponibles, tout classement sur une seule échelle reste incertain. Parmi les sous-ensembles tentés ici se trouvent les Caraïbes, Scandinaves, Balkaniques, Britanniques et Irlandais, Touarègues et d'autres. La France n'est pas traitée comme les autres territoires : d'un côté une petite centaine des plus grands poètes de notre patrimoine et du XXè siècle, peu de vivants, mais elle est aussi presque partout ailleurs -- en Europe avec ses langues régionales, dans les Caraïbes, le Pacifique et l'Océan indien -- des voix qui ne sont certes pas des confettis de l'empire.

Le site présente quand c'est possible jusqu'à une vingtaine de poètes dans chaque langue ou pays, mais souvent nettement moins ; ils sont environ mille deux-cents sans compter les auteurs anonymes, et présents chacun avec un à cinq poèmes, parfois plus. C'est donc un faisceau qui balaie une grande partie de la planète, mais trop rapidement pour éclairer vraiment les territoires où il passe et fait entrevoir certains de leurs poètes, dont quelques textes ne suffisent sans doute pas à donner un portrait fidèle. A certaines étapes inaperçues ou mal explorées il n'y a pas eu d'arrêt. Le résultat est comme un kaléidoscope, une sorte de grand jouet. L'outil documentaire utilisé est néanmoins très simple et la recherche par mot permet d'accéder directement, entre autres, à un poète et ses poèmes.

Le regard était au départ plutôt tourné vers la visite des trésors du passé que les combats militants, résistants ou féministes d'aujourd'hui, sans trop considérer non plus des genres particuliers, par exemple érotiques ou mystiques, ni tout simplement la chanson. Tous ces champs justifieraient d'autres voyages mais se sont très vite imposés et ont place ici.

Il y a surtout des textes courts, mais pas de simples sentences proverbiales. On rencontre dans beaucoup de traditions poétiques des formes courtes, longtemps restées dans l'oralité, des textes de première grandeur :  Rubayat, ghazels, hai-kus, limericks, pantoun, landays, épigrammes, poèmes tamouls de l'époque sangam ... La liberté de ton des landays des femmes afghanes explique peut-être pourquoi les talibans veulent les réduire au silence.

Dieu, qu'il existe ou non, est souvent présent, entre soumission et récusation, amour et haine. En poésie comme dans notre République le blasphème n'est pas interdit. Les traductions de pièces de vers touarègues par Charles de Foucauld montrent qu'il a passé un certain temps de sa vie d'ermite à recueillir et traduire des poèmes essentiellement consacrés à « ce coquin d'amour qui ne fait pas mourir et ne laisse pas vivre ». Thérèse de Lisieux plaisante sur les contraintes du mode de vie des carmélites : le ciel en est le prix.

Le XXème siècle est généralement le plus représenté, surtout en Europe, territoire parcouru sans doute avec une attention disproportionnée. Il semble bénéficier d'un plus grand intérêt des traducteurs en français. Ailleurs la majorité des auteurs ne sont pas traduits dans notre langue ou le seront d'abord en anglais, ou en espagnol notamment. Dans les pays d'Asie centrale, qui ont une riche tradition poétique, on ne trouve que très peu de traductions éditées en français et bien souvent aucun poème accessible en ligne.

Dans l'esprit d'une grande randonnée plutôt que d'une exploration scientifique, la récolte ne s'alourdit pas d'informations sur les auteurs, sinon leurs dates de naissance et de mort, sur plus de trois mille ans. Il est simple d'en savoir plus sur quasiment tous les poètes cités, dont Wikipedia notamment présente des notices biographiques. Beaucoup ne sont pas que des rêveurs et ont eu un rôle parfois éminent dans leur société, en particulier dans l'affirmation ou l'émergence d'une langue, d'une culture, d'une nation. D'autres et parfois les mêmes se sont faits ermites. Toutes et tous sont à leur façon des lutteurs. Leurs engagements sont pour le meilleur et pour le pire, on croise Knut Hamsun, prix Nobel en 1920 et soutien indéfectible de Hitler en Norvège vingt ans plus tard, et Mandelstam avec son épigramme contre Staline. Manouchian, Français de préférence dont la demande de naturalisation fut refusée, figure ici parmi les poètes arméniens.

La compilation qu'est Poemonde a substantiellement emprunté à des sites existants dont les noms et références sont indiqués ci-dessous, sans être mentionnés pour chacun des textes, dont un bon nombre peuvent d'ailleurs se retrouver à plusieurs sources. Ce travail ayant au départ été entrepris sans idée d'aller vers une rediffusion, les noms des traducteurs et traductrices manquent malheureusement aussi très souvent, alors que dans le domaine de la poésie tout spécialement ils devraient être placés à côté de celui de l'auteur. Faute de mieux et pour ne pas les laisser de côté, certains poèmes ne figurent qu'en traductions automatiques, pleines de déficiences -- invitations à mieux faire. Comme indiqué, la messagerie de contact est destinée à permettre les corrections nécessaires.

Inutile d'insister au passage sur la quasi-impossibilité de traduire entièrement et définitivement un poème d'une langue à une autre. Nous disposons cependant aujourd'hui d'outils permettant de ne plus se limiter à la transcription d'un écrit. L'enregistrement d'une lecture dans la langue d'origine permet d'entendre la métrique et la prosodie d'un poème. Cela peut dispenser la version écrite française de tenter de transposer rythmes et sonorités, exercices de virtuosité aux résultats parfois éblouissants mais exposant surtout à des trahisons ou accidents, tant nos langues poétiques peuvent être irréductiblement étrangères. L'appendice aux voix Européennes montre avec humour une telle façon de faire.

Malgré les défauts évidents de cette collecte, elle rapporte des merveilles de la plupart des visites. On entrevoit quelque chose comme l'esprit des langues qui peuplent notre Babel. À travers singularités et correspondances, elle témoigne, dans la diversité et la beauté des voix, que toutes les langues et toutes les cultures sont égales en humanité.

La poésie ne sort pas de la terre ni ne tombe du ciel. Dans le champ des chants la chair s'est faite Verbe d'amour, de révolte, d'ivresse et de misère, visions et jeux. Le beau le bon le vrai et la poussière, particules élémentaires de l'être, corps et âme, se discernent. Sagesse en vue - la mort ? J'y pense et puis j'oublie. C'est la vie.
C'est la vie.

Principaux sites ou blogs consultés

Les sources de ce flot de poèmes sont beaucoup plus nombreuses que la liste des sites mentionnés ci-dessus et si certaines sont expressément ouvertes à tous et sans condition, d'autres ne précisent pas les conditions d'exploitation des textes susceptibles d'être protégés par la législation sur la propriété littéraire et artistique. Le nombre des textes, auteurs et traducteurs réunis ici rend disproportionné sinon impossible le travail de vérification qui serait nécessaire pour s'en assurer.

Si un détenteur de tels droits trouve à redire à la citation sur ce site de l'un de ses textes, laquelle n'a aucun caractère commercial, il suffit qu'il le signale à l'adresse de contact ci-dessous, soit pour demander que sa référence soit indiquée, soit pour que ce texte soit retiré.

Contact : poemonde@gmail.com